Drôle de brame


Début octobre 2008, malgré un temps peu engageant, je décide de randonner sur les hauteurs jurassiennes.


La neige ! Les premières neiges d'automne commencent à virevolter et à recouvrir d'un léger drap blanc les estives. La montagne, encore tranquille et paisible, va peu à peu se transformer.


Le vent se lève et les flocons me cinglent maintenant le visage : j'ai de plus en plus de mal à regarder devant moi.

De pauvres génisses noires et blanches, frigorifiées, se mettent à mugir en ma présence. Mais pour toute réponse, la forêt me renvoie en écho un rugissement : c'est un cerf !


J'espère l'apercevoir, malgré les conditions de plus en plus difficiles. Mais les éléments vont redoubler de violence.

La nuit tombant, le temps va devenir apocalyptique : les éclairs puis l'orage vont se mêler au brame, aux mugissements, au vent froid et tourbillonnant, et à la neige.

J'avance maintenant péniblement et je décide alors de faire demi-tour, de rentrer chez moi et de me mettre enfin au chaud.


Cerf
(Cette photographie prise fin septembre 2010 peut en cacher une autre. Cliquez cette image, et ainsi de suite)


Le lendemain, après une journée ensoleillée, la neige est partie aussi vite qu'elle était venue.


Me voilà retournant sur les lieux du brame. De la forêt me parvient, à nouveau, ce son si envoûtant.

Guidé par son chant, je me dirige alors vers le cerf, à travers les bois.

Le brame s'avance puis s'éloigne puis se rapproche. À tel point que l'inquiétude me gagne et que je décide de faire marche arrière.

Mais le brame est si prégnant que j'y retourne, comme envoûté.


Dans une clairière, soudain il apparaît ! Majestueux, avec quatre biches à ses côtés. C'est un cerf vraiment magnifique !

Je me cache derrière un arbre et je l'observe : un douze cors, courant d'une biche à une autre. Il disparaît derrière les épicéas, je ne le vois plus puis tout à coup il resurgit au milieu de la harde.

Il bouge sans cesse : cela explique les différences sonores du brame lors de mon approche.

Il vient vers moi et, à une centaine de mètres, il s'arrête au niveau d'un érable sycomore d'environ douze centimètres de diamètre. Énervé, il le plie alors comme une brindille.


Fortement impressionné et la nuit s'annonçant, je décide alors de rentrer...